Une soirée à l'auberge

Le soleil venait à peine de se coucher sur la seigneurie d’Anarme. Une silhouette s’avançait dans la pénombre en direction de l’auberge. Augustin jeta un coup d’œil aux alentours, puis entra dans l’établissement. Une fois à l’intérieur il s’approcha du comptoir et commanda un verre de vin. Il but son verre tranquillement en jetant un coup d’œil aux gens présents dans la salle. Ne reconnaissant personne, il but son verre d’un coup et alla vers le palier où était habituellement installés les bardes qui agrémentaient l’auberge de leurs compositions joviales. Certains habitués les regardaient avec un regard intrigué, alors que d’autres ne leur portaient tout simplement pas d’attention, trop occupés à boire et a discuter. Malgré cela, lorsqu’Augustin commença à parler, le silence se fit peu à peu :

‘’Chers amis, je ne suis ni seigneur, ni noble. Je ne suis ni barde, ni orateur. Je ne suis qu’un simple travailleur comme vous. Mais ce soir, j’ai quelque chose à dire. Quelque chose qui me tient a cœur. Nous travaillons ensemble afin de peupler et civiliser ce nouveau monde. Nous tous, hommes et femmes, nous travaillons ces nouvelles terres à la force de nos bras et à la sueur de nos front. Nous forgeons notre avenir. Nous avons revendiqué ces terres, jadis sauvage, pour en faire une magnifique part de notre empire. Nous avons bâtit ces villes et villages à partir de rien, seulement grâce nos efforts communs! Nous, hommes et femmes d’Akinos, avons bâti un empire dont nous pouvons être fiers!

À chaque phrase, Augustin forçait l’attention sur les pronoms possessifs.

‘’Pendant que nous travaillons à rendre ce magnifique empire encore meilleur, à consolider nos rêves, certains de nos meilleurs hommes nous protègent des dangers extérieurs au risque de leur vie. Ces soldats font la guerre pour nous donner la paix. Ils se sacrifient pour nous; certains ne reviendrons malheureusement jamais, car ils auront péri pour nous garantir liberté et paix. Nous, peuple des Hommes, sommes fiers d’avoir des protecteurs si dévoués à notre juste cause !’’

Augustin saisit au passage un des verres portés par une serveuse et le leva bien haut.

‘’Buvons ! En l’honneur de nos vaillant frère qui nous garantissent la sécurité !’’

Il but le verre d’un coup, puis continua en prenant un ton plus sombre et triste.

‘’Mais, malgré tout, une menace subsiste. Une menace qui pourrait bien rendre le sacrifice de ces vaillants soldats inutiles. Une menace subtile, car elle vient de l’intérieur. Cette menace est un danger qui plane au sein de notre empire. Nous devons lui porter attention pour le bien-être de nos familles et de nos amis, pour notre salut. Certain m’auront déjà compris, je parle effectivement… des elfes!’’
‘’Au sein de l’empire, les elfes vivent dans des réserves appropriés et sont correctement surveillés. Par contre, ici, sur le nouveau monde, ils peuvent circuler librement, parmi nous, avec un simple bout de papier affirmant qu’ils ne représentent aucun danger. Et certains extrémistes veulent tout simplement tenter d’assimiler ces êtres… parmi nous! Nous ! Le peuple qui a bâti cet empire ! N’oubliez pas : le peuple des elfes est un danger pour l’humanité! Nous devons, nous aussi, construire une réserve ici, sur ces nouvelles terres. Nous ne devons pas laisser cette menace détruire notre empire de l’intérieur, comme l’ont fait nos ancêtres. Leur longévité représente un danger pour nous, hommes et femmes d’Akinos. Si leur population continue de s’accroître, nous serons submergés et il sera donc trop tard pour tenter de sauver notre empire. Nous ne devons pas nous laisser surpasser par cette race inférieure ! L’humanité a créé l’empire, les elfes ne font que profiter de la protection que nous leur offrons ! Malgré la générosité de l’empire à leur égard, certains en demandent encore plus. De plus en plus! Et puis, les rebelles elfes se regroupent. Ils ont même osé se nommer ‘’La Main Noire’’ afin de nous faire peur, de nous insulter !’’

‘’N’oubliez pas, l’empire est là pour nous tous. Pour nous protéger, nous et nos familles ! Il faut cependant faire chacun un petit effort de notre coté. Il faut faire comprendre aux dirigeants de ces nouvelles terres, ainsi qu’aux habitants, qu’ils sont en danger, que nous sommes en danger. Il faut nous défendre contre le fléau qui menace notre empire. La Main Noire organise une révolution afin de nous surpasser ! Ils réunissent étrangers, criminels et traîtres à l’empire en ce moment même. Nous ne devons pas les laisser faire. Nous devons agir afin de garder notre liberté ! Allons-nous nous laisser guider par des criminels?’’

Sur un ton légèrement plus bas, Augustin continua :

‘’Mais que pouvons-nous faire, nous, simples paysans, afin de protéger nos familles et amis? Que pouvons-nous faire pour garder notre liberté et nos vies paisibles? La seule chose à faire, patienter. Nous ne pouvons que patienter. Attendre que les dirigeants comprennent qu’il faut être plus vigilants, qu’un simple bout de papier ne garantit pas notre sécurité. Les étrangers qui représentent une menace ne devraient pas vivre au sein de l’empire, à nos cotés, attendant simplement le moment de frapper pour nous renverser!’’

‘’Je vous le dis, chers amis, nous devons en parler pour que le problème ne soit pas oublié. Nous devons en parler pour protéger nos familles et nos amis. L’empire ne doit pas être menacé par de simples étrangers. Cet empire, que nous avons bâtit ensemble, est la preuve que l’humanité est forte ! Ne laissons pas des étrangers, encore moins des elfes, détruire ce que nous avons construit. Demeurons unis pour notre bien, pour le bien de l’empire!’’

Après avoir terminé, Augustin se dirigea vers la sortie et, sans plus de cérémonie, quitta l’auberge d’un pas lent.

Emerick était au fond de la salle, il regardait si tout ce passait bien dans l'auberge et lorsque qu'Augustin tira vers la fin de son discours, Emerick cala son verre et lança les acclamations pleins de ''Woohoo!!'' et d’applaudissements. Après que le message fut bien acclamé et qu'Augustin sortis, il se leva et sortit à la suite du bon-gars.